juin
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2024
Child Focus présente son rapport annuel 2023. Une année marquée par une augmentation de 32% (2. 421 signalements) du nombre de signalements d’images d’abus sexuel d’enfants reçus via le point de contact civil www.imagesdabus.be. Il s’agit de citoyens qui tombent malencontreusement sur des images suspectes d’abus sexuel d’enfants quand ils sont en ligne. Chaque signalement peut contenir plusieurs sites web, derrière lesquels se cachent des pages contenant des centaines voire des milliers d’images. Child Focus s’inquiète et travaille au quotidien pour lutter contre l’abus sexuel d’enfants. En outre, notre organisation déplore que la proposition européenne de règlement ne soit toujours pas approuvée. Cette réglementation est cruciale pour garantir la détection et la suppression des images d'abus sexuel sur les plateformes en ligne.
Child Focus a reçu 2.421 signalements via son point de contact civil www.imagesdabus.be et a traité 253. 480 images grâce à l’outil innovant Arachnid. Selon un rapport récent, il ne suffit que de quatre clics à un internaute pour tomber sur des images d’abus sexuel d’enfants. Lorsque vous recherchez de la pornographie en tant que citoyen par exemple, vous pouvez, souvent involontairement, tomber sur des images d’abus sexuel d’enfants.
En outre, de plus en plus de pages web contenant des images d’abus comportent également des images d’abus sexuel auto-générées* issues du grooming, de la sextorsion ou du sexting non-consensuel. Les victimes mineures savent que leurs images circulent. Tant que c’est le cas, elles ne peuvent pas reprendre le cours de leur vie.
Heureusement, grâce à son partenaire canadien, Child Focus dispose d’une technologie qui détecte et supprime les images connues sur internet. En 2023, les analystes de Child Focus** ont envoyé 909.243 demandes de suppression grâce à l’outil Arachnid.
Mais ce n’est pas suffisant. Chaque jour, de nouveaux enfants sont abusés et la technologie facilite de plus en plus la production et la diffusion d’images d’abus en toute impunité. Les organisations telles que Child Focus sont confrontées à un manque de technologie, de moyens tant humains que financiers et surtout d’un cadre législatif adapté. La quantité d'images augmente de manière exponentielle, et leur distribution est dissimulée derrière des systèmes de cryptage. Nos analystes sont confrontés à des images de plus en plus choquantes d'enfants de plus en plus jeunes. Les victimes, ne savent souvent pas comment signaler que leurs images circulent en ligne, ont du mal à les faire retirer et les organisations peinent à les faire supprimer des plateformes.
Pour ces raisons, Child Focus se bat pour que la proposition de loi européenne (CSA-regulation) soit approuvée. Cette proposition oblige les plateformes à procéder à une analyse de risques et à retirer elles-mêmes les images d’abus. Elle prévoit également la création d’un centre européen chargé de coordonner les nombreux efforts, fournir des technologies permettant d’analyser les images et de les faire retirer elles-mêmes. Ce renforcement est nécessaire et urgent si nous souhaitons aider les trop nombreuses victimes. La présidence belge de l'UE a récemment formulé une proposition de compromis*** qui a déjà été approuvée par le parlement de l'UE et qui est maintenant soumise au Conseil.
D’autres thématiques abordées dans le rapport annuel 2023
Le sexting non-consensuel: l’arrivée de l’intelligence artificielle
On parle de sexting non-consensuel lorsque des photos sont partagées sans le consentement de la personne figurant dessus, ou lorsque des photos sont envoyées à des personnes qui n’ont pas consenti à les recevoir. En 2023, Child Focus a ouvert 175 dossiers liés à ce phénomène (151 en 2022). Ce nombre n’a jamais été aussi élevé. Pour la première fois, Child Focus a également ouvert plusieurs dossiers en lien avec les deepnudes, des photos intimes truquées. Des études montrent que l’impact de ces photos sur les victimes est tout aussi dévastateur que s’il s’agissait de vraies photos. Child Focus s’inquiète de ce phénomène en pleine croissance.
Le grooming: 20% de garçons
Le grooming est un procédé par lequel un adulte approche intentionnellement un mineur à des fins sexuelles. En 2023, Child Focus a ouvert 43 dossiers liés à ce phénomène (36 en 2022). Dans 20% des cas, il s’agissait de garçons.
La sextorsion : un phénomène en pleine expansion qui touche principalement les garçons
La sextorsion, ou extorsion sexuelle, consiste à inciter les jeunes à envoyer des images ou des vidéos intimes d’eux-mêmes. Ensuite, l’auteur révèle son vrai visage et le jeune se fait extorquer avec les images échangées. L’auteur menace d’envoyer les photos aux amis ou à la famille de la victime si elle n’envoie pas d’argent ou de nouvelles photos. En 2023, Child Focus a ouvert 183 nouveaux dossiers (109 en 2022). Cela représente une augmentation de 68%. 3 sur 4 victimes sont des garçons.
L’exploitation sexuelle de mineurs dans la prostitution : un phénomène en hausse malgré les difficultés d’identification
En 2023, Child Focus a ouvert 73 nouveaux dossiers d’exploitation sexuelle de mineurs dans la prostitution (61 en 2022), parmi lesquels 46 dossiers contenaient des indications ou des preuves que des proxénètes d’adolescents avaient joué un rôle. Dans la majorité des cas, les victimes avaient entre 14 et 17 ans mais dans dix dossiers, la victime était âgée de seulement 13 ans. La détection et l'identification des victimes, ainsi que la recherche des auteurs, restent les plus grands défis. D’abord parce que le recrutement et l’approche des victimes potentielles ont lieu en grande partie via les réseaux sociaux, ainsi que via des applications cryptées. Ensuite, nous constatons que les victimes déposent rarement plainte car elles ne se perçoivent souvent pas comme victimes.
Les fugues : toujours plus de cas
En 2023, Child Focus a ouvert 1.394 nouveaux dossiers de jeunes ayant fugué (1.138 en 2022, une augmentation de 22%), dont un dossier sur cinq était de nature inquiétante. Même si la fugue est souvent perçue négativement, pour les jeunes en question elle peut servir de moyen pour se libérer du stress et des tensions. Child Focus reçoit toujours plus d’appels de jeunes en détresse psychologique ou de parents signalant que leur enfant en fugue a des idées noires.
Les enlèvements internationaux : éviter l’escalade du conflit au sein de la famille
Un enlèvement international d’enfant survient lorsque l’un des parents emmène l’enfant dans un autre pays sans le consentement de l’autre parent. Ces conflits font souvent passer les besoins des enfants au second plan. Il est important de toujours mettre en avant l’intérêt de l’enfant lorsqu’il s’agit de trouver une solution, et ce, avec les parents. En 2023, 125 enfants étaient impliqués dans 75 enlèvements parentaux internationaux, majoritairement en Europe (60%).
Les mineurs non accompagnés : une augmentation considérable des dossiers de disparition
En 2023, Child Focus a traité 332 cas de disparition de mineurs non accompagnés, soit une augmentation de 144 % par rapport à 2022 (136 dossiers). Cette augmentation est principalement due à une meilleure collaboration avec les centres d'accueil qui nous ont plus souvent signalé des disparitions lors de l’année écoule. Il s’agissait au total de 256 enfants, dont 40 ont quitté leur milieu d'accueil plusieurs fois, pour y revenir ensuite.
Mieux vaut prévenir que guérir: la prévention comme fil conducteur
Une forte augmentation du nombre de dossiers de disparition et d’exploitation sexuelle témoigne de l’absolue nécessité d’investir dans la prévention. C’est la raison pour laquelle Child Focus se consacre à ce travail de réflexion à long terme. Ainsi, notre organisation offre près de 30 outils et initiatives et 14 modules de formation destinés aux jeunes, aux parents et aux professionnels.
Découvrez notre rapport annuel complet ici
Contact presse chez Child Focus: Selyna Ayuso Ferrandiz – Public Relations Manager selyna.ayusoferrandiz@childfocus.org 0473/81.17.82
* 90% des pages web retirées par l’Internet Watch Foundation contiennent ce qu’on appelle des « image d’abus sexuel auto-générées » - il s’agit d’images créées par la victime elle-même à la suite d’une situation de grooming, de sextorsion (menace ou chantage) ou de sexting non-consensuel (la diffusion d’images dénudées sans le consentement de la personne concernée). https://www.theguardian.com/technology/2024/jan/17/child-sexual-abuse-self-generated-data-internet-watch-foundation-end-to-end-encryption
** Cliquez ici pour écouter le témoignage d’une analyste.
*** Demandez-nous plus d'informations sur la proposition de compromis sous la présidence belge.