mai
08
2018
Un nombre record de dossiers de fugue
En 2017, Child Focus a traité 1 151 dossiers de fugue, soit 10 % de plus que la moyenne des quatre années précédentes. En réalité, le nombre de fugues effectives reste stable (1 115 en 2017). 137 enfants ont fugué plusieurs fois (de 2 à 11 fois). Il s’agit souvent d’enfants placés dans des institutions. En outre, et c’est une bonne nouvelle, le nombre de dossiers préventifs est plus élevé que jamais. Dans 36 cas, soit presque deux fois plus que les années précédentes, des jeunes désespérés ou leurs parents nous ont contactés pour obtenir des conseils et éviter une fugue.
Des dossiers plus nombreux et plus difficiles d’enlèvements parentaux internationaux
Alors que nous avions constaté une évolution principalement positive jusqu’en 2016, tant au niveau du nombre d’enlèvements parentaux internationaux que du nombre d’affaires à l’issue favorable, la tendance s’est inversée en 2017. Nous avons enregistré beaucoup plus d’enlèvements effectifs que l’année précédente (257 par rapport à 217 en 2016 – nouveaux dossiers et dossiers en cours). Une solution n’a malheureusement pu être trouvée que pour un tiers des enlèvements effectifs, contre près de la moitié les années précédentes. Il s’agit surtout d’enfants très jeunes : 54 % ont moins de six ans et 14 % sont des bébés.
L’année dernière, nous avons mené une enquête sur le bien-être des enfants concernés en collaboration avec l’université d’Anvers et deux organisations sœurs à l’étranger. Il en ressort que quelles que soient les circonstances dans lesquelles l’enlèvement a lieu, les enfants et les jeunes considèrent qu’il est essentiel pour eux de rester en contact avec les deux parents. Ils se plaignent aussi souvent d’un manque de communication et de connaissance des procédures, des décisions et des raisons pour lesquelles ces décisions ont été prises.
Mineurs étrangers non accompagnés disparus (MENA)
Toutes les disparitions de MENA en Belgique ne sont pas signalées à Child Focus, loin de là. En 2017, 119 nouvelles disparitions de MENA ont été signalées à Child Focus. En plus de ces cas signalés, 98 dossiers des années précédentes ont été traités. Seul un dossier sur trois a pu être clôturé. Les trois principaux motifs de clôture d’un dossier sont les suivants : l’enfant revient, la police ou un tiers retrouve l’enfant ou l’Office des étrangers nous signale que l’enfant a été localisé à l’étranger. Dans 53 % des cas traités par Child Focus, l’enfant a 15 ans ou moins. Cinq enfants sur six sont des garçons.
Prostitution de mineurs : une réalité sous-estimée
En 2017, Child Focus a ouvert 42 nouveaux dossiers de prostitution de mineurs effective ou fortement présumée. Dans 40 des 42 cas, la victime était une fille, le plus souvent âgée de 14 à 17 ans. Un proxénète d’ados était impliqué dans 28 dossiers. Il s’agit presque toujours de filles qui bénéficient du service d’aide à la jeunesse et sont confrontées à toutes sortes de problèmes. Child Focus souhaite que ces filles ne soient pas considérées comme des jeunes à problèmes mais comme des victimes d’exploitation sexuelle. Dans le courant de l’année 2017, nous avons lancé le site web stopproxenetes-ados.be.
Images d’abus sexuels d’enfants
Child Focus a reçu 746 signalements de pédopornographie présumée en 2017 via www.imagesdabus.be. L’année précédente (mai 2016), une exception au code pénal a été votée : dans des conditions spécifiques, certains membres du personnel de Child Focus peuvent ouvrir et analyser le contenu pédopornographique présumé signalé. L’accord de collaboration avec la police et la justice a été signé en juillet 2017 et nous avons commencé à utiliser cette méthode de travail en septembre 2017. Les signalements sont désormais transmis à la police avec des informations supplémentaires et, en cas d’hébergement à l’étranger, au membre INHOPE (International Association of Internet Hotlines) concerné, qui collabore à son tour avec les services de police locaux.
En novembre 2017, nous avons lancé une campagne de sensibilisation virale pour promouvoir à nouveau notre point de contact civil, www.imagesdabus.be. Nous avons également mené une campagne sur des sites spécifiques du dark web afin d’encourager les personnes présentant des tendances pédophiles à se faire aider. Nous sauvons des enfants chaque fois que ces personnes se font aider au lieu de passer à l’acte. Nous les orientons vers Stopitnow.be côté flamand et vers l’équipe EPCP (Évaluation et Prise en Charge des Paraphilies) du CHU de Charleroi côté francophone. La vidéo publiée sur le dark web a été téléchargée pas moins de 11 470 fois en une semaine.
Sécurité sur Internet
En 2017, Child Focus a reçu 135 demandes d’aide pour des cas de sexting problématique, ce qui représente une légère augmentation par rapport à 2016. La plupart des demandes émanent de parents ou de professeurs mais le point positif est que le nombre de jeunes qui prennent eux-mêmes contact avec nous est passé de 13 % en 2016 à 22 % en 2017. Nous encourageons ce genre d’initiative, entre autres grâce à Sex Thing, pièce de théâtre choc déjà jouée 150 fois en Flandre, et à son équivalent francophone, #VU, dont la première aura lieu le 23 mai 2018.
Nous avons ouvert 43 dossiers de grooming en ligne, une pratique qui consiste pour des adultes avec des intentions sexuelles à solliciter des mineurs. Si 75 % des victimes étaient des filles en 2016, ce pourcentage a baissé à 60 % en 2017.
Nous avons reçu 39 demandes d’aide pour des cas de sextortion (extorsion sexuelle sur Internet). Des jeunes sont incités par des inconnus à se déshabiller devant leur webcam et sont ensuite victimes de chantage. Presque toutes les victimes étaient des garçons en 2016, mais 10 filles ont été victimes du phénomène en 2017. L’âge moyen des victimes diminue également. Notre conseil : ne jamais payer et avertir systématiquement les services de police.