Rapatriement des enfants belges de Syrie, une urgence !
Nouvelles
oct.
09
2019
A l’heure d’écrire ces lignes, les troupes turques, avec le soutien de l’Armée nationale syrienne, ont commencé à envahir le nord-est de la Syrie pour repousser les combattants kurdes. Un peu plus tôt, les Forces démocratiques syriennes (FDS), menées par les Kurdes, ont déclaré l’état d’alerte pour faire face à l’invasion turque, vu son imminence.
Nous, Child Focus, le Kinderrechtencommissaris et le Délégué général aux droits de l’enfant, vous exhortons à considérer l’état d’urgence dans cette région et à rapatrier le plus rapidement possible tous les enfants belges, identifiés et localisés. Sans exception.
Il y a plus de deux ans, le gouvernement belge déclarait avoir pris la décision de rapatrier tous les enfants de moins de 10 ans et pour les enfants plus âgés, leur rapatriement pourrait se faire au cas par cas. Depuis cette décision de principe, seuls six enfants, non-accompagnés ou orphelins, ont été rapatriés, heureusement sains et saufs.
Depuis plus de deux ans, nous sommes nombreux à vous demander que tout soit mis en œuvre pour sauver les enfants belges de ce drame humain. Les forces arabo-kurdes en Syrie ont, pour leur part, régulièrement exhorté les gouvernements étrangers à «assumer leurs responsabilités» face à l'afflux de leurs ressortissants qui ont fui, par vagues successives depuis 2017. Le Comité des droits de l’enfant de Genève s’est lui aussi inquiété de la situation pour réclamer, dans ses dernières recommandations publiées en janvier 2019, que la Belgique facilite le rapatriement de « tous les enfants belges, avec leur famille chaque fois que c’est possible », des anciennes zones de conflit détenues par Daesh en territoires irakien et syrien.
Dernièrement, suite aux déclarations contradictoires de la Maison Blanche, la communauté internationale a mis en garde contre les conséquences d'une offensive turque, tout comme l'ONU qui se prépare en cas de nouvelle crise humanitaire en Syrie.
Nous rejoignons les inquiétudes qui vous ont été relayées par plusieurs députés fédéraux à la séance plénière de la Chambre du 08 octobre. Nous ajoutons à leurs considérations légitimes de sauvegarde de notre sécurité, celles relative à la sauvegarde et à la protection de ces enfants de combattants, malheureuses victimes d’une guerre qui ne les concerne pas.
Le conflit a fait depuis 2011 des millions de déplacés et de réfugiés et a coûté la vie à plus de 370 000 personnes. Les conditions dantesques dans les camps administrés par les Kurdes et principalement le camp de Al-Hol, ont déjà coûté la vie à de trop nombreux enfants belges.
Nous vous demandons avec insistance d’agir seul ou en concertation avec les pays européens concernés tels que la France et les Pays-Bas afin de veiller à rapatrier les enfants concernés dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions de sécurité.
Nous vous suggérons fortement d’agir, à partir du Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour élaborer une alliance entre les partenaires de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant pour que les enfants Syriens et Irakiens, notamment, soient aidés à sortir de l’enfer dans laquelle leur existence est chaque jour plongée. C’est l’esprit même d’un traité international comme la Convention des droits de l’enfant : assurer l’entraide et la solidarité de tous les pays signataires pour l’intérêt supérieur de tous les enfants du monde. Nous ne comprendrions pas que les dirigeants de notre pays n’en fassent pas une priorité absolue.
Heidi de Pauw, directrice Child Focus
Bernard Devos, Délégué général aux droits de l’enfant
Caroline Vrijens, Vlaamse kinderrechtencommissaris