mai
18
2021
L'année 2020 nous a tous profondément affectés. Nos enfants et nos jeunes n'ont pas été épargnés. Sur le plan opérationnel, Child Focus a ressenti l'impact de la pandémie de Covid-19 presque immédiatement après son apparition, ce qui s'est traduit par une explosion du nombre de signalements d'exploitation sexuelle en ligne (images d'abus sexuels d'enfants, sexting problématique, grooming, extorsion sexuelle en ligne, ...). En ce qui concerne le nombre de disparitions, Child Focus a été confronté à 1.062 nouveaux dossiers, malgré les mesures Covid-19 restrictives. Il s'agit d'une diminution de 16 %, mais cela représente tout de même 3 disparitions par jour.
Child Focus continue de se concentrer sur la prévention et lance aujourd'hui sextoooh.be, un nouvel outil de prévention autour du sexting destiné aux professionnels.
En 2020, Child Focus a traité 2.205 nouveaux dossiers d'exploitation sexuelle, contre 1.501 en 2019, soit une augmentation de 47 %. Le nombre de dossiers concernant la sécurité en ligne a augmenté de 54 %, passant de 267 à 411. Dans le domaine des disparitions de mineurs, l'organisation a traité 1.062 nouveaux dossiers, soit une baisse de 16 % par rapport à 2019 (1.261). Ces chiffres s’expliquent en partie par les mesures Covid-19. En raison du confinement, de nombreux enfants et jeunes ont été victimes de violences intrafamiliales. Mais pendant les périodes de lockdown, les jeunes ne pouvaient guère sortir de chez eux, ce qui a entraîné une forte diminution du nombre de dossiers de fugues. Le nombre de dossiers d'enlèvements parentaux internationaux a également diminué suite aux fermetures des frontières. En 2020, le temps d'écran des mineurs a augmenté de manière significative, les exposant potentiellement à davantage de risques en ligne. Ceci s'est clairement fait sentir dans l'augmentation du nombre de dossiers d’atteinte à l'intégrité sexuelle de mineurs.
La sécurité en ligne des mineurs est notre principale préoccupation
Les jeunes étaient beaucoup plus actifs en ligne en 2020 et donc plus exposés aux risques du numérique. Child Focus a ouvert 411 nouveaux dossiers liés à la sécurité en ligne. Ils ont été signalés par le biais de notre ligne d'assistance, le numéro gratuit 116 000. 81 % de ces dossiers concernaient d’atteinte à l'intégrité sexuelle de mineurs. Sur l'ensemble de l'année, les cas de sexting problématique traités ont augmenté de 38 %, les cas de sextorsion de 84 % et de grooming de 71 %. Au cours des deux périodes de confinement, nous avons constaté une explosion des chiffres, notamment les cas de grooming qui nous ont été signalés ont triplé.
Augmentation considérable des signalements d'images d'abus sexuels d’enfants
Nous avons constaté sur la plan mondial une très forte augmentation des signalements d'images d'abus sexuels sur mineurs en 2020. Child Focus a également reçu 2.056 signalements via son point de contact civil : www.imagesdabus.be (soit une augmentation de 45 % par rapport à 2019). Outre le matériel provenant de « vrais » enfants, nous constatons la circulation croissante de matériel produit virtuellement, celui-ci devient également plus réaliste. Ainsi, les technologies permettent de réaliser des vidéos d'autant plus choquantes impliquant des enfants virtuels. En outre, ces chiffres ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Le cryptage et les paramètres de confidentialité des messages en ligne sur les réseaux sociaux, ainsi que le « dark net », ne facilitent pas le signalement ou la recherche de matériel illégal. Par conséquent, de nombreuses victimes ne sont pas identifiées et les auteurs ne sont pas poursuivis.
Augmentation frappante de l'exploitation sexuelle des mineurs dans la prostitution
En Belgique, l'exploitation sexuelle des mineurs dans la prostitution reste un phénomène caché et complexe qui passe souvent inaperçu. Malgré les mesures Covid-19 et la liberté de mouvement limitée, Child Focus a ouvert 66 dossiers de cette forme d'exploitation sexuelle en 2020 (51 en 2019). En outre, nos conseillers ont continué à travailler sur 46 affaires non clôturées des années précédentes. On aurait pu penser que pendant le confinement, période où tout le monde était contraint de rester chez soi, le phénomène tendrait à diminuer, mais c'est le contraire qui s’est produit. En outre, ces chiffres ne sont pas exhaustifs car de nombreux cas n’ont pas été signalés.
11% de dossiers de fugue en moins
Cette diminution (719 dossiers de fugue en 2020) s'explique par les mesures Covid-19. Les enfants et les jeunes ont été limités dans leur liberté pendant une grande partie de l'année et ont parfois été littéralement bloqués chez eux ou dans l'établissement où ils séjournaient. On pourrait penser de façon simpliste que c'est une bonne chose, car les enfants n’ont pas eu la possibilité de fuguer. Mais la fugue est souvent un moyen de décompresser et de contrôler le stress ou une tentative de trouver une issue en envoyant un signal d'alarme. Child Focus a reçu via sa ligne d’urgence 116 000 beaucoup plus d’appels d'enfants qui avaient des difficultés mentales ou de parents signalant que leur fils ou leur fille en fugue était en proie à des idées noires.
Diminution substantielle du nombre d'enlèvements internationaux d'enfants
Avec 155 nouveaux cas, les chiffres montrent une baisse par rapport à l'année précédente (216 cas en 2019). Cette baisse est probablement due aux effets des mesures Covid-19 dans les différents États membres de l'UE qui ont rendu les voyages difficiles ou impossibles pendant de longues périodes. La fermeture des frontières a eu le mérite de réduire les enlèvements parentaux internationaux pendant cette période complexe pour les familles.
Légère augmentation pour les disparitions de mineurs étrangers non accompagnés (MENA)
En 2020, Child Focus a traité 359 cas de mineurs étrangers non accompagnés disparus (MENA), dont 99 étaient de nouveaux dossiers. En 2019, il y avait 318 affaires en cours et 113 nouvelles affaires. La raison du nombre croissant de dossiers ouverts est que, contrairement à la plupart des autres disparitions, il est beaucoup plus difficile de retrouver ces enfants. Le nombre total d'enfants mineurs non accompagnés disparus est difficile à estimer. Après tout, Child Focus n'est pas toujours informé de la disparition d'un MENA, contrairement à une disparition "classique" où un parent, un membre de la famille ou un éducateur inquiet nous contacte.
Lancement de sextoooh.be, un nouvel outil de prévention sur le thème "du sexting et des stéréotypes de genre", destiné aux professionnels qui travaillent avec des jeunes de 12 à 15 ans.
Child Focus continue de se concentrer sur la prévention afin d'offrir aux mineurs les atouts nécessaires et de les armer en cas de problèmes rencontrés en lien avec les thématiques sur lesquelles notre organisation travaille. Aujourd'hui, Child Focus lance la plateforme éducative www.sextoooh.be autour du sexting et des stéréotypes de genre, destinée aux professionnels travaillant avec des jeunes. Sur cette plateforme, vous trouverez des méthodes interactives et amusantes pour réfléchir avec les jeunes à la manière dont les comportements ou les attentes stéréotypés liés au genre jouent un rôle dans leur façon de voir ou de traiter les sextos. Des sujets tels que la réputation, l'image de soi, les amitiés et les relations y sont abordés. Sextoooh.be est lancée aujourd'hui et fera l'objet d'une attention particulière tout au long de l'été. Child Focus appelle les enseignants, les travailleurs du secteur de la jeunesse et les superviseurs à intégrer cet outil à leur travail et à partager leurs commentaires via sextoooh@childfocus.org.
Contact
Pour vos questions en lien avec les chiffres du rapport annuel : Stephan Smets, Directeur de Communication stephan.smets@childfocus.org 0486/25.92.79
Pour vos questions en lien avec la nouvelle plateforme Sextooh.be : Nel Broothaerts, Directrice Prévention et Développement nel.broothaerts@childfocus.org 0479/63.16.90
Téléchargez le rapport annuel ici.