oct.
13
2022
Malgré leur droit fondamental d’avoir un abri sûr, pas moins de vingt et un mineurs non accompagnés ont été contraint de dormir dans la rue la nuit dernière. Un par un, ces mineurs ont été informés qu'aucun lit n’était disponible. Il faisait alors 5 degrés. La raison invoquée est la suivante : "au vu de l'afflux sans précédent et du manque de personnel, il n'a pas été possible de libérer suffisamment de lits". La Belgique n'a eu d'autre choix que de violer de manière flagrante et scandaleuse les droits de ces enfants, sans aucun espoir d'amélioration à court terme. Si les mineurs sont normalement considérés comme prioritaires dans le système d'accueil fédéral et doivent se voir attribuer un lit en priorité, cette situation est loin d’être un cas isolé. Chaque nuit, dans nos villes, des enfants dorment dans la rue et l'appel à l'aide du secteur reste lettre morte.
La Secrétaire d'État à l’Asile et à la Migration, Nicole De Moor, est donc confrontée à un énorme problème, malgré son "plan d'hébergement hivernal". En réponse, elle a fait savoir qu’il était bien difficile d’anticiper cette situation malgré tous les efforts. Au sein des services jeunesse des communautés, nous entendons la même histoire. Il n'y a pas de place, les lieux d’accueil sont complètement saturés. En plus de cela, il y a peu de soutien de la société envers les réfugiés originaires de ces pays. Le Belge moyen a des stéréotypes faussés et c’est malheureux.
Mis à part cette énorme politique de l'autruche, il est clair que la situation est terrible et que nous violons de manière flagrante les droits de l'enfant et les droits de l'homme qui sont inscrits dans la Constitution. En restant inactif, nous contribuons à détruire la vie de ces enfants avant même qu'ils n'aient eu la chance de grandir et de se développer pleinement dans un monde où leurs droits sont protégés.
Ces enfants sont vulnérables, les chances qu'ils aient déjà été exploités physiquement ou sexuellement avant même leur arrivée chez nous sont immenses. Les formes de cette violence prennent des proportions de plus en plus effroyables. Lorsque ces enfants finissent enfin par arriver dans notre pays, ils deviennent souvent la proie de personnes mal intentionnées. C’est notre travail, notre devoir, de les protéger au plus vite.
Le constat n’est pas nouveau. La situation est nouvelle. Nous passons d’une pénurie de lieux d’accueil à une autre. À chaque fois, la réponse du gouvernement est que l'afflux de réfugiés est d'une ampleur sans précédent. Cependant, l'afflux est parfaitement prévisible, il suffit de le suivre dans les pays voisins. On pourrait donc s'attendre à ce qu'un gouvernement anticipe une telle situation en prenant des mesures efficaces et structurelles.
La solution miracle ne relève donc pas seulement du secteur de l'asile et de la migration, mais également des collègues de l'aide sociale, qui sont responsables de l'aide à la jeunesse au sein des communautés. En effet, il faut non seulement davantage de places, mais aussi une prise en charge plus appropriée des mineurs fragiles souffrant de problèmes psychologiques ou autres. La prise en charge fédérale de première ligne est loin d'être appropriée et présente un risque supplémentaire pouvant entraîner la disparition de ces jeunes. Tous ces acteurs doivent se mobiliser et réaliser plus d'efforts tout en fixant d'autres priorités pour mieux traiter « cette histoire ». Cette histoire, parce qu'on peut difficilement continuer à parler de crise quand le problème se répète depuis des années.
Quand un enfant dort dans la rue, on n'attend pas le lendemain. On agit aujourd'hui !
Heidi De Pauw
CEO Child Focus